Première cause de consultation en urologie, les troubles de la prostate (prostatite ou inflammation de la prostate, hypertrophie bénigne ou adénome de la prostate) touche des hommes de tous âges. En complément ou en substitution des traitements conventionnels, la phytothérapie peut être d’une grande aide dans la prévention des troubles de la prostate. Nous allons nous intéresser dans cet article aux traitements naturels en cas d’inflammations ou d’hypertrophie de la prostate.
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- Anatomie et physiologie de la prostate : rappel
- Pathologies de la prostate
- L’inflammation de la prostate : la prostatite
- L’hypertrophie bénigne de la prostate
- Le palmier de Floride : « Serenoa repens ou Sabbal serrulata »
- Le prunier d’Afrique : « Pygeum africanum ou Prunus africana »
- La grande passerage : « Lepidium latifolium »
- La grande ortie : « Urtica dioïca »
- L’épilobe à petites fleurs : « Epilobium parviflorum »
- La courge : « Cucurbita pepo »
- Le marronnier d’Inde : « Aesculus hippocastanum »
- Les huiles essentielles
- Conclusion
Anatomie et physiologie de la prostate
La prostate est une petite glande du système génital masculin entourant l’urètre et participe à la production du liquide séminal chez l’homme. Les hormones sexuelles venant des testicules entraînent une augmentation du volume de la prostate dès 40 ans. Ce phénomène, considéré comme normal, peut avoir de fortes répercussions, tant physiques (irritations des voies urinaires pouvant aller jusqu’à l’obstruction) que psychologiques (inconfort dans la vie quotidienne).
Pathologies de la prostate
Il y a trois types de pathologies différentes :
- Inflammation de la prostate ou prostatite : elle peut être aiguë ou chronique.
- Tumeur bénigne : hypertrophie bénigne ou adénome.
- Tumeur cancéreuse : cancer de la prostate.
On se concentrera dans cet article sur la phytothérapie des troubles de la prostate.
Quels sont les traitements généralement prescrit en cas d’inflammation de la prostate ?
Dans sa forme aiguë, la prostatite est une urgence médicale et son origine est dans 80% des cas liée à une infection bactérienne à Escherichia coli. Mais elle peut également être favorisée par un adénome de la prostate, voire une anomalie anatomique.
Le traitement allopathique consiste en une antibiothérapie (3 semaines de fluoroquinolones) si l’origine est bactérienne. Des alpha-bloquants sont prescrits pour détendre les muscles de la vessie, ainsi que des anti-inflammatoires et des inhibiteurs de la 5-alpha-réductase (afin de diminuer le volume de la prostate).
Symptômes : syndrome grippal avec fièvre, frissons, douleurs musculaires, envies fréquentes d’uriner, brûlures à la miction, douleurs dans la région pubienne, prostate douloureuse au toucher rectal.
Diagnostic : le diagnostic se fait par le toucher rectal, une prise de sang, un ECBU (Examen Cyto-Bactériologique de l’Urine) voire, si nécessaire, une échographie.
Quels traitements naturels pour les troubles de la prostate ?
Pour éviter les inflammations de la prostate (prostatite), il est important de savoir que l’on peut agir de manière naturelle. Toutefois, il est généralement préférable de le faire de manière préventive, afin d’éviter le passage à la chronicisation de l’inflammation et éviter l’apparition de troubles aigüs, ou d’une hypertrophie bénigne de la prostate (BNP).
- Adoption d’une alimentation anti-inflammatoire* ou limitation de certains aliments inflammatoires (café, épices, alcool, …)
- Adopter d’une bonne hygiène de vie et intime
- Lavage quotidien à l’eau tiède avec un savon doux
- Maintien d’une hydratation adéquate
- Favoriser une vie sexuelle saine pour réduire les sources d’inflammation (infections, MST)
- Pratiquer une activité physique régulière (et sexuelle saine) favorisant la circulation sanguine, renforçant le système immunitaire en diminuant le stress. Attention toutefois à modérer les activités physiques exerçant une pression sur la prostate (cyclisme, équitation).
- Supplémentation en compléments alimentaires (plutôt en phytothérapie)
Consulter un urologue dès l’apparition d’un trouble.
*L’alimentation à visée anti-inflammatoire de type méditerranéenne privilégiant :
- La consommation de légumes et fruits, céréales complètes et légumineuses, de bonnes huiles (huile d’olive ou coco pour cuisiner, ou huile dite oméga 3 noix-colza-lin-chanvre-cameline pour assaisonner en cru)
- La limitation des produits laitiers, viandes rouges (riches en oméga 6 pro-inflammatoires), au profit des poissons gras (riches en oméga 3 anti-inflammatoires). Limiter également la consommation de friture, de café, d’alcool, de sucre raffiné.
En prévention des inflammations de la prostate, on notera l’importance de lutter contre la constipation qui entraîne une congestion veineuse du bas ventre (par la consommation de psyllium, huile de coco, pruneaux secs par exemple, ou le maintien d’une hydratation suffisante).
Pour approdfondir le sujet, vous pouvez consulter notre article sur l’alimentation anti-inflammatoire.
En naturopathie, on pourra également proposer des techniques de gestion du stress et des émotions, car on sait que les troubles nerveux peuvent entraîner des perturbations des systèmes nerveux, immunitaire et hormonal. Des compléments alimentaires adéquats peuvent également être proposés.
Complications : si la prostatite aiguë n’est pas correctement soignée, il y a un risque de chronicisation, qui peut aussi évoluer vers une septicémie, un abcès de la prostate ou de la rétention urinaire.
Phytothérapie : les plantes pour la prostate
Le palmier de Floride : « Serenoa repens ou Sabbal serrulata »
Partie utilisée : les fruits
Principes actifs : entre autres, on trouve des triaglycérols, des phytostérols, des alcanes.
Actions : anti-inflammatoire, anti-œdémateuse, inhibitrice sur certaines enzymes prostatiques (5-alpha-réductase) responsables de l’action de certaines hormones (DHT) ayant un rôle majeur dans l’agrandissement de la prostate. Le palmier de Floride possède également un effet anti-androgène périphérique, c’est-à-dire qu’il permet de réduire les effets de la DHT sans faire diminuer le taux sérique de la testostérone (évitant ainsi les effets secondaires au niveau de la sphère sexuelle).
Effets constatés : réduction des symptômes urinaires tels que les levers nocturnes fréquents (nycturie) et la difficulté à uriner (dysurie). Ces effets sont dus à la réduction de l’inflammation et du volume de la prostate, permettant un meilleur écoulement de l’urine et réduisant la pression sur la vessie.
Le prunier d’Afrique : « Pygeum africanum ou Prunus africana »
Partie utilisée : l’écorce
Principes actifs : acides gras, des alcanols, des phytostérols.
Actions : anti-inflammatoire, anti-œdémateuse, augmente l’élasticité vésicale, stimule les sécrétions prostatiques, inhibe les facteurs de croissance responsables de la prolifération cellulaire du tissu prostatique.
Effets constatés : diminution de la pollakiurie nocturne.
La grande passerage : « Lepidium latifolium »
Partie utilisée : les parties aériennes
Principes actifs : entre autres, on trouve des flavonoïdes.
Actions : diurétique, anti-proliférative au niveau du tissu prostatique, anti-inflammatoire.
Ces trois plantes se retrouvent dans le complexe C-10 PROSOR, conseillé pour lutter contre l’inflammation de la prostate, l’augmentation de volume de la prostate et les troubles urinaires nocturnes.
La grande ortie : « Urtica dioïca »
Partie utilisée : la racine
Principes actifs : entre autres, on trouve des lectines, des polysaccharides, des stérols, des acides gras et des composés phénoliques.
Actions : anti-proliférative, anti-inflammatoire, ainsi qu’inhibition de la 5-alpha-réductase et activité immuno-modulante. Des tanins, par leur astringence, participent à la décongestion pelvienne.
Effets constatés : diminution de la fréquence mictionnelle, du résidu post-mictionnel et diminution du volume de la prostate, sans effets secondaires notoires.
Conseils : C’est une phytothérapie à conseiller lors de prostatite non spécifique et dans les adénomes débutants.
L’épilobe à petites fleurs : « Epilobium parviflorum »
Partie utilisée : les parties aériennes
Principes actifs : on trouve entre autres des flavonoïdes (tels que le kaempférol, la quercétine…).
Actions : anti-œdémateuse, inhibition de la libération de prostaglandines.
Conseils : C’est en simple tisane que l’on note de bons résultats sur les troubles mictionnels (1 cuillère à café dans 1 tasse, infuser 10 minutes, 1 tasse par jour).
La courge : « Cucurbita pepo »
Partie utilisée : les graines
Principes actifs : entre autres, on trouve des stérols, des squalènes.
Actions : inhibition sur la 5-alpha-réductase, décongestion de la prostate. Le zinc qu’elle contient aide à maintenir une fonction normale de la prostate. Sa richesse en minéraux et oligoéléments contribue à l’augmentation de la tonicité musculaire de la vessie.
Le marronnier d’Inde : « Aesculus hippocastanum »
Partie utilisée : les graines
Principes actifs : entre autres, flavonols, saponosides, tanins.
Actions : anti-œdémateuse, anti-inflammatoire, permet de limiter la congestion de la zone périnéale.
Les huiles essentielles
On peut utiliser l’huile essentielle de cyprès (Cupressus sempervirens) pour son action décongestionnante du petit bassin par vasoconstriction veineuse et l’huile essentielle de pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), qui améliore la congestion prostatique.
Posologie : huiles essentielles à utiliser en suppositoires.
Conclusion
Ces traitements naturels contre les inflammations de la prostate (en phytothérapie ou en aromathérapie) nécessitent toujours l’avis d’un phytothérapeute et/ou d’un médecin afin d’éviter les potentielles contre-indications et interactions avec un traitement médicamenteux. À noter qu’un traitement, qu’il soit “naturel” ou médicamenteux, ne devraient pas se substituer, mais plutôt être complémentaire à une hygiène de vie saine.
Auteur : Anne-Dominique Meyer, Dentiste-Naturopathe.
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